Sigrid Flory : l’interview LPA

Ecrit par Cacy dans Billets d'humeur, le 10 février 2011.

Sigrid FloryRévélée par le net en 2009, Sigrid Flory est une artiste autodidacte lyonnaise qui revendique toutes les fêlures de l’âme comme un cri de révolte.

Sigrid Flory à coups de textes autobiographiques et au fil des rencontres, cette artiste nous promène de la tristesse à la colère toujours féconde. Elle lève, textes après textes et chansons après chansons, le voile du silence. Des lâchetés du quotidien jusqu’aux drames de l’intime, ses chansons retentissent comme un appel à briser « l’Omerta ».

C’est à l’occasion de la préparation de son prochain album que Label Participatif Actu a pu lui poser quelques questions auxquelles elle a répondu avec chaleur et simplicité.

L’interview

Label Participatif Actu : Sigrid, tu travailles actuellement à l’élaboration d’un album qui sortira d’ici quelques semaines. Quel est ton état d’esprit du moment ?

Sigrid Flory : Sereine! J’ai la chance de pouvoir travailler dans des conditions et avec les personnes qui me conviennent parfaitement.

Tu t’es faites mieux connaître du public par le biais du label Akamusic, qui vient de te décerner le titre de « meilleure artiste féminine 2010 ». Tu as également obtenu la 3e place du meilleur clip pour ton titre « Elle s’immisce ». A quand une victoire de la musique ?

Cette nomination de meilleure artiste 2010 m’a surprise et m’a touchée. Pouvoir aborder en chanson des sujets qui me font réagir, voire qui me révoltent, ET avoir en face un public qui sait de quoi je parle et qui sait recevoir, c’est un aboutissement. Quant aux victoires de la musique ? Ben, j’y pense. Et pas seulement en me coiffant le matin (rires).

Justement, les internautes t’ont sollicité en quelques mois à peine. A ton avis, pourquoi un tel engouement ?

J’écris des textes qui ont du sens. Et c’est pour ça que le public s’y retrouve. Ce sont soit des chansons autobiographiques, soit des vécus de personnes très proches. Mais ce sont avant tout des morceaux qui parlent de faits de société où chacun peut se reconnaître ! De la banalisation du divorce (« Mon père ») aux blessures dans le couple que tout le monde connait un jour (« Elle s’immisce »), des jugements à 2 balles sur l’homosexualité (« Le secret ») à la maltraitance d’enfant !

Tu abordes des sujets qui trahissent une certaine souffrance du monde mais aussi de lâcheté, que tu dénonces ouvertement. Un parti pris ?

Rien ne me révolte plus que l’injustice et la maltraitance. En écrivant des souvenirs ou des situations, je réalise pleinement les choses. Je lève le voile sur les secrets de famille et les tabous. Et parfois, c’est une chanson ou un texte qui nous fait ouvrir les yeux !

Parmi ces sujets forts se trouve celui de l’enfance, avec ce qu’il peut avoir de trouble et de douloureux. Comment en vient-on à composer sur ce thème ?

Je pars de ce que j’ai vu ou vécu, je n’invente jamais rien. Ce sont des textes tristes, c’est certain et je ne veux rien y changer. Je les écris non pour m’apitoyer ou pour dénoncer ; mais pour être porte-parole de ceux qui ne le formulent pas et pour mettre à la lumière l’injustice que certains essayent de cacher ou de faire passer pour normal.

Qu’en est-il de ton titre « la rage de vivre » ?

Cette chanson n’est pas à proprement parler autobiographique. Je pense plutôt à des personnes qui m’ont touché par cette « rage de vivre », comme Grégory Lemarchal. Mais je l’ai écrite aussi parce que si je suis autant touchée devant cette combativité c’est que cette même émotion m’a animé bien souvent.

Comme lorsque tu as participé au concert de bienfaisance donné pour l’association Laurette Fugain ?

J’ai travaillé comme infirmière dans un service de leucémie dans une autre vie et je me suis sentie personnellement investie lors de ce concert. J’ai d’ailleurs écrit « La rage de vivre » parce que je suis toujours impressionnée par la force que déploie l’Homme dans certains moments de sa vie.

Une forme d’énergie et de rage, à la fois positive et déterminée ?

Oui tout à fait.

Énergie, rage, combativité, ce sont aussi des atouts propre à l’univers de la danse que tu as pratiqué longtemps et même enseigné ?

Oui. C’est une passion qui m’accompagne toujours, et qui influence énormément mes compositions. Ça a été très important pour moi de créer des morceaux qui inspirent un chorégraphe comme pour le clip « Elle s’immisce ».

Justement, quelles ont été tes influences musicales ?

Plutôt des morceaux bien précis que des musiciens. Très souvent des morceaux piano-voix comme « Hometown glory » ou « Shadow of the day » pour n’en citer que 2.

A la fin du mois de janvier, tu t’es rendue à Bruxelles pour rejoindre l’arrangeur Fred Fraikin avec qui tu as déjà mis en place le single « Elle s’immisce ». Comment décrirais-tu cette collaboration ?

Fred fraikin est un homme et un artiste qui sait écouter. Je suis allée le rencontrer pour que l’on choisisse les morceaux ensemble. J’ai égrené chacune de mes chansons, en expliquant pourquoi et comment je les avais écrites. Il sait à la fois conseiller et écouter. C’est une collaboration extraordinaire.

L’album sort bientôt. Tu as d’autres projets en cours ou en tête ? Un duo éventuellement ?

Je pense déjà à l’album qui suivra celui là (rires) !

Alors que peut-on encore te souhaiter pour les mois à venir ?

Pas de grève dans les aéroports. J’ai un album à terminer moi !

En conclusion

Sigrid, je pense que tu connais le principe du questionnaire de Proust, te prêterais-tu à quelques petites questions pour mieux cerner ton personnage ?

  • Si tu étais une chanson ? « Sur toi » de Zazie.
  • choix d’un parfum ? Yvresse de Yves Saint Laurent.
  • un plat d’enfance ? Des frites à la friterie de Mouscron en Belgique.
  • Le meilleur âge ? 30 ans.
  • Une rencontre que tu espères ? Obispo.
  • Enfin, s’il te suffisait d’un mot pour te dévoiler à ton public ? La transparence.

Merci Sigrid de ta participation pour cette 1ère interview LPA.
CN.

Sigrid FlorySigrid Flory est une artiste qui aborde sans pudeur ni tabou tout ce qui se trouve sous le secret. Elle se révolte du silence, de « l’Omerta », de la lâcheté, de la famille, du voisinage, face à la maltraitance. Elle dénonce la banalisation du divorce et les traces laissées sur l’enfance dans « Mon père ». Elle s’insurge contre l’obligation au « secret » face à l’homosexualité. Elle applaudit « la rage de vivre » en prenant pour emblème la vie de Grégory Lemarchal. Elle se fait porte parole pour parler de la fuite qui « s’immisce » dans les couples.

Sigrid Flory et Quentin MosimannC’est une artiste à part entière qui appelle à la rencontre, la vraie. Elle tisse des liens, elle parle, dénonce et revendique tout en transparence, en vécu et en blessure. A travers ses mots, sa musique, ses chorégraphies, chacun se trouve, s’observe et prend soudain conscience de ses limites. Prêtez-vous à faire face au miroir aussi…

Illustration : Sigrid Flory au coté de Quentin Mosimann lors du dernier concert en soutien à l’association Laurette Fugain.

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